Cela faisait longtemps que nous vous avons laisses Marielle et moi, "abandonnant" Helene a son propre sort dans les montagnes.
Nous nous sommes donc diriges vers le Rajasthan. Ce voyage serait une sorte de course contre la montre pour parcourir la region avant de rejoindrer Helene 15 jours plus tard a Benares.
Le Rajasthan, c'est par excellence l'Inde des Maharajas, des forts et des palais. Ce sera aussi un voyage d'abord culturel, qui nous menera dans des paysages tres varies. Ce sera enfin un voyage sur le theme des couleurs : le rose, le blanc, le bleu et l'or... sans compter les camaieux des vetements et des turbans...
Apres 3 heures de bus et 25 heures de train depuis Dharamsala, nous arrivons a Jaisalmer, la ville d'or. Elle doit ses couleurs jaunes et ocres a la pierre prelevee dans le desert qui la jouxte.
A notre sortie du train, nous arrivons dans une tout autre Inde : celle du tourisme de masse. Nous y etions prepares, mais Jaisalmer ne vit qu'autour de cela. Finies les rencontres et les discussions qui rendent les Indiens si sympathiques. Bonjour les arnaques, les vendeurs de souvenirs et les rabatteurs d'hotels qui deshumanisent le voyage et nous donnent l'impression de n'etre que des portefeuilles ambulants.
Mais ne les blamons pas. C'est ainsi et c'est aussi leur gagne-pain. Le plaisir ne sera que pour les yeux...
La premiere vue du fort de Jaisalmer est saisissante de beaute et de force. L'interieur nous replonge rapidement a l'epoque du moyen-age, au temps des Rajpoutes. Ces clans Hindous avaient construit des places fortes pour resister a l'envahisseur Moghol (musulman) venu de Perse et d'Afghanistan.
Les Rajpoutes se disent les descendants directs d'une divinite, rien que ca. Leurs arbres genealogiques l'approuvent. Ainsi, a Jaisalmer, le divin ailleul est la lune. C'est dire s'ils se sont forge un caractere fier, pugnace et independant au fil des siecles !
Toutefois, avec le temps et la paix, ils ont aussi fait preuve d'extreme raffinement dans l'art, notamment pictural et architectural. En temoignent les precises miniatures et les pavillons bourgeois finement sculptes (les havelis, construits sans mortier, comme un jeu de Lego, par manque d'eau).
De nombreuses histoires romanesques et romantiques alimantent les legendes locales. On les imagine aisement se derouler au bord du lac, la reserve d'eau de la ville et un endroit ideal pour s'evader du brouhaha intra muros.
L'eau est toujours un probleme pour la ville. Mais aujourd'hui, il s'agit de l'evacuer suite a l'exploitation touristique , ce qui met le site particulierement en danger...
En depit de la secheresse, de la chaleur et de la sollicitation tres presente des vendeurs, nous avons su profiter des jolis couchers de soleil au dessus du desert et prendre le temps de detendre nos muscles quotidiennement : programme mis en place rigoureusement par Marielle. Et ca fait un bien fou !
Nous avons evite la traditionnelle randonnee a dos de dromadaire. L'ayant deja experimente en Egypte, nos fesses s'en souviennent encore.
Nous avons donc pris un bus de nuit qui nous amena jusqu'a Jodhpur, la ville bleue.
Des brahmanes (la caste des pretres) avaient commence a peindre leurs maisons de cette couleur, reputee pour eloigner les insectes. Les autres habitants ont suivi et c'est devenu une coutume. C'est bien joli mais la ville souffre aussi d'insalubrite a cause de la pollution, des dechets et des egouts a ciel ouvert. Cela ne nous a pas empeche de trouver un petit hotel tres accueillant pour notre court sejour.
La dynastie Rajpoute locale descend tout simplement de Krishna, une incarnation du dieu Vishnou.
Le fort quasiment imprenable qu'ils ont construit sur un promontoire rocheux ecrase la ville de sa presence. Derriere la force des remparts, il y a le raffinement du palais, qui a evolue d'une vie de combats a une vie de delices et de cour.
Au detour d'une porte, des traces rouges de mains interpellent le regard. Ce sont celles des femmes du maharaja. En cas de defaite de leur armee, la mort en se jettant dans le feu etait leur seule issue. Le cas s'est d'ailleurs 2 fois dans l'histoire de la ville. Leurs maris au combat ne pouvaient d'ailleurs connaitre que la victoire ou la mort ; l'absorption d'opium etait un bon moyen de se lancer temerairement au combat et d'en supporter les blessures.
Mais Jodhpur, c'est un peu comme la Flandre. La vie se presse autour d'un genre de beffroi local, la tour de l'horloge. Nous avons parcouru ce marche ou tout se vend et tout se recycle. Pas besoin de salon pour exercer son metier de barbier. Et gare aux voleurs a l'etalage, qui se font durement reprimander...
Tout se monde s'agite alors qu'au loin le maharaja actuel doit trouver son palais moderne sans doute un peu trop grand.
Un autre bus de nuit nous conduisit a Udaipur, pour une halte plus longue et plus reposante.
Ici, c'est la ville blanche. Elle se reflete dans les eaux du lac rempli par la mousson et degage un sentiment de serenite.
Ici, la dynastie ne descend pas moins que du soleil ! Et leur place forte est moins impressionnante. Mais elle est devenue un palais superbe que l'on imagine plus facilement habite par des courtisants que par des hommes en armes.
Leur systeme de defense se situait ailleurs. C'etaient les majestueuses collines boisees qui l'entourent, ainsi que les tribus de chasseurs et les fauves qui les peuplaient.
De fauves, il ne doit plus guere en rester au vu des massacres relates sur les miniatures du palais, qui illustrent les parties de chasse des maharajas des siecles precedents.
Ils ont aussi construit deux palais immacules sur l'eau. Comble du luxe, une nuit dans une suite de l'un d'entre eux nous aurait coute le budget de trois mois en Inde tous frais compris (sans meme savoir si le prix est en pension complete).
Pour les amateurs de James Bond, c'est dans cet hotel qu'on ete tournees des scenes du film "Octopussy" (au service et au frais de Sa Majeste ?)
Notre choix s'est donc plutot porte sur la location de velos (moins d'un euros a la journee) pour nous rendre a un autre palais, en ruine, en haut des collines, mais surtout pour passer une journee inoubliable bien qu'ereintante a visiter la campagne et les lacs environnants.
De retour en ville, nous avons visite un curieux musee des sciences au milieu d'un joli parc. Il etait du genre poussiereux, avec beaucoup d'animaux dans le formol. Nous y avons decouvert que nous n'etions pas aussi grands que nous le croyions...
Au terme de la journee, un parc de cenotaphes (mausolees de cremation), en memoire de maharajas et de leurs cours, nous a laisse une tres belle impression. Nous qui croyions que la cremation etait un moyen pratique de gagner de la place dans un pays aussi peuple que l'Inde, nous etions bien dans le faux...
Un train de nuit nous amena a notre derniere etape du Rajasthan : Jaipur, la ville rose.
Peinte ainsi a l'occasion de la visite du prince de Galles (le futur Edouard VII) en 1876, la couleur, symbole de bienvenue, a du leur plaire et les vendeurs de pots de peinture rose font toujours recette.
Malgre tout, la ville, comme toutes les grandes villes d'Inde, est surpeuplee, bruyante et tres polluee. Nous n'y resterons que deux jours.
Nous avons fait l'impasse sur le palais de la ville. Peu motives pour visiter un palais supplementaire (encore des descendants du soleil), le prix (qui avait presque double depuis la parution de notre guide de voyage en mai 2008) nous en a dissuades. Felicitations au passage pour la gestion scrupuleuse de notre budget, rondement menee par Marielle !
Nous nous sommes rabattus sur l'observatoire du palais : que d'inventions en tout genre, et ce uniquement pour dresser des themes astraux ! Mais comme c'etait interessant (visite guidee obligatoire si l'on veut comprendre un minimum le fonctionnement de ces engins) ! Et on se sent tout petit devant le cadran solaire le plus grand du monde, qui donne l'heure avec 2 secondes de precision, sauf la nuit...
Il nous fallait aussi visiter le palais des Vents, l'embleme des la ville : un palais tout en longueur aux parois sculptees en nid d'abeille, qui permettait aux femmes de la cour d'observer la ville a l'abri des regards. Petite deception tout de meme : nous l'imaginions bien plus grand. Le maharaja ne devait pas avoir tant de femmes que ca !
Une derniere escapade nous mena au fort qui surplombe la ville pour, comme le font les vaches du coin, jouir du panorama.
Mais il est temps de quitter les Rajpoutes pour la ville d'Agra et la splendeur Moghole : le Taj Mahal. Mais ce sera pour la prochaine fois.
" Sur la route du lac de Jaisalmer, quelle chance de decouvrir qu'il y aura le soir un spectacle de marionnettes (des petites "Puppets"). D'accord, la representation n'etait pas d'une grande qualite artisitique, mais mon ame d'enfant s'est regalee d'un spectacle gai et haut en couleurs." Marielle"En parlant de spectacle, en voici un autre. Incontournable en Inde, nous avons assiste a une representation de cinema, qui plus est dans le cinema numero 1 du pays... Le batiment en soit ressemblait deja a un gros gateau a la creme, tout un programme... Et surprise, le film n'etait pas une histoire d'amour impossible comme nous nous y attendions, mais l'histoire de Durna, un heros moderne et la reincarnation d'un combattant des forces du mal. Impressionnant !" OlivierUne derniere chose importante : desole pour nos familles et nos amis pour ne pas avoir lance d'invitation. Marielle et moi (Olivier) nous sommes maries, completement par inadvertance, selon le rite Hindou...
Cela merite une explication ! Alors que nous visitions un enieme temple, le pretre m'a cordialement passe un collier de fleurs autour du cou. J'ai pense qu'il conviendrait davantage a Marielle et l'en ai a mon tour revetu. "Vous venez de vous marier", a dit le pretre...
Ce tour du monde se transforme donc en voyage de noces, toujours selon le rite local...