Presque au bout du monde, a 51degres 43' de latitude sud.
Nous sommes seulement a 03h30 de El Calafate (Patagonie argentine) et avons donc passe la frontiere pour se rendre dans la ville de Puerto Natales.
C'est d'ici que nous organiserons notre trek dans le parc national Torres Del Paine.
Et le mot organisation n'est pas a prendre a la legere : nous partons 6 jours et 5 nuits en autonomie complete dans ce parc d'ou emergent de la pampa de fabuleuses montagnes granitiques.
Concernant l'equipement, nous louerons :
-- 1 tente trois places (chere mais spatieuse pour nos gabarits, resistante aux conditions climatiques que nous pensons rencontrer) ;
-- 2 tapis de sol ;-- 2 paires de batons de marche (necessaires pour s'equilibrer et dynamiser l'allure de marche) ;
-- 3 petites bouteilles de gaz.
Pour la nourriture, nous etablirons une liste precise et calculee sur 7 jours afin de ne dependre d'aucun refuge et de ne pas se charger inutilement. Nous vous livrons le contenu d'un de nos sacs :
-- 1 paquet de 250 gr de riz ;
-- 1 paquet de 200 gr de pate "cheveux d'ange" ;-- 4 paquets de nouilles chinoises precuites (80gr) ;
-- 1 paquet de 5 saucisses type "knacki" ;
-- 1 paquet de fromage en tranche ;
-- 2 sachets de soupe en poudre ;
-- 2 sachets de jus de fruits en poudre ;
-- 6 paquets de biscuits ;
-- 13 barres de cereales ;
-- 1.5 plaque de chocolat ;
-- 2 sachets de raisins secs ;
-- 2 sachets d'amandes ;
-- 2 pommes.
Le peu de place restante sera ocupee par nos vetements et le necessaire du bon campeur (lampe frontale, couverture de survie, trousse de secours...).
Apres trois jours pour louer, acheter, rassembler, entreposer et fermer nos sacs, nous sommes gonfles a bloc pour gambader comme des guanacos dans la montagne.
le guanacOlivier...
Nous vous retranscrivons ici le trek au jour le jour comme nous l'avons vecu. Pour mieux nous suivre, voici une photo du parc et un reperage des lieux de chute en couleur...
de l'ADMINISTRATION jusqu'au campement PAINE GRANDE ;
du crayon rouge au crayon violet : distance :temps de marche effective (c'est a dire avec nos pauses pipi, grignotage, photos et films...) : 06h00.
Le bus nous depose dans le parc a la fin de son trajet vers 12h00. C'est pour des raisons d'economie concernant un trajet en bateau, et par envie d'aller calmement a la rencontre de l'atmosphere de cette Nature sauvage, que nous debutons le trek par cette portion. Chacun de nos deux sacs pesent entre 15 et
Ce sentier relativement facile nous met en jambe.
Un bon rythme de marche et des pauses regulieres pour admirer le paysage et ressentir cette calme solitude du marcheur... ainsi que grignoter quelques fruits secs... nous permet d'atteindre la zone de campement juste avant la tombee de la nuit, soit 18h30...
et de monter illico presto la tente ! Nous ne tardons pas non plus a manger nos 80 gr de nouilles dans une cuisine chauffee a disposition des campeurs.
Premiere nuit donc en tente...
« Premier jour tres agreable malgre le poids du sac. Ce sont mes yeux qui ont le plus « travaille » donnant a mon esprit un sentiment de relachement et de liberte... Waouh l’effet des grands espaces. »
OlivierOR
« J’ai eu froid cette nuit la, mais vous savez, ce froid glacial qui transperce peu a peu la peau, la graisse et qui s’installe toute la nuit dans les os. Ce matin-la, le sonnerie du reveil fut une liberation et en moins de deux secondes et demi, j’etais levee ! »
Helene
JOUR 2 :
Aller-Retour campement PAINE GRANDE jusqu'au mirador du glacier GREYdu crayon violet au crayon jaune : distance :
Nous nous levons avec la pluie... Une demie heure plus tard nous dejeunons avec Fanny et Eric qui terminent leur W et nous rassurent sur le temps dans le parc Torres Del Paine : les quatre saisons ont quelquefois rendez-vous le meme jour !
Sur les coups de 10h00, nous profitons donc d'une acalmie et remontons le sentier en direction du mirador du glacier Grey.
Pour cet aller-retour, on laissera la tente et les gros sacs au campement.
« Quelle belle marche ! L’arrivee au mirador est splendide, les reflets du soleil sur la glace et le lac donnent au lieu un sentiment d’irrealite. Les icebergs detaches me rappellent que l’air est frais... en fait je marche blouson ouvert en bras de chemise, et meme, pour le retour je me mets a courir dans les descentes, sautant a l’aide des batons des blocs rocheux, devalant comme un skieur les pistes glissantes. Mes jambes et mes genoux m’etonnent et ca fait un bien fou ! Deception toute relative en arrivant au campement, il n’existe plus de tee-shirt souvenir du trek W... tant pis, j’oublierai cet achat sous une douche chaude, puis froide pour tonifier les jambes. Ce soir, stretching oblige ! »
OlivierOR
Nous profitons egalement de belles couleurs automnales digne d'un ete indien...
JOUR 3 :
du campement PAINE GRANDE jusqu'au campement BRITANICO ;
du crayon violet au crayon bleu : distance :temps de marche effective : 07h00.
Nous plions la tente pour la premiere fois et "rechaussons" notre "baluchon". Le ciel est degage, le soleil brille... au bout d'une demie heure, nous enlevons nos "couches" (blouson et polaire).
L'eau est prise directement a la riviere...
Les vues sur le lac et les pics du Paine Grande sont splendides.
Comme nous marchons d'un bon pas, nous changeons nos plans : nous irons dormir au campement Britanico au lieu du campement Italiano. Plus rapide d'acces, mais plus sombre et humide, la plupart des randonneurs s'y arretent afin de rejoindre ensuite le mirador Britanico en un aller-retour sans sac dans la matinee. Pour nous, c'est donc ici que les choses se compliquent !
L'ascension jusqu'au campement, le long de la "Vallee Francaise" est difficile : tres expose au vent, le sentier debute sur un pierrier.
La nous sommes bien contents d'avoir loue chacun une paire de batons de marche ! Ce sont de veritables appuis supplementaires qui nous equilibrent, nous hissent et nous propulsent le long du chemin.
Le paysage qui defile (defile pas si vite que ca mais defile quand meme...) est tres varie, tantot on se retrouve dans des bosquets aux couleurs automnales dignes encore (!) d'un ete indien au Quebec, tantot nous sommes proche du ruisseau, assourdis par la force du courant. Le sentier devient boueux et glissant...
C'est tres different des marches des jours precedents et
Ereintes et fiers de nous, nous arrivons HEUREUX au Britanico... vide de tout signe de vie ! Nous sommes les seuls a dormir ici cette nuit, entoures du ronronnement du ruisseau alimente par la fonte des glaces et sous un ciel etoile comme seul l'hemisphere sud peut en offrir !
« Aujourd’hui encore, merci mes jambes ! Tout autre effort que celui d’hier mais je ne ressens aucune douleur. C’est tres agreable d’etre porte par les paysages, par le plaisir de l’effort la beaute des lieux... et la simplicite de la nature. Le soir au campement je me prends pour Charles Ingalls allant chercher de l’eau a la riviere... Mais la nuit tombee.. le courage me fait vite defaut pour aller chercher seul cette meme eau... a deux c’est mieux ! Bizarre cette peur qui revient du plus profond de soi, repensant sans le vouloir aux extraits de films d’horreur qu’on avait enfouis et ou la, perdu en pleine Nature « hostile », je dois me forcer a relativiser, a penser que ce ne sont que des effets speciaux... !! La realite du ciel etoile parviendra lentement a m’apaiser mais la nuit fraiche dans mon sac de couchage trop etroit aux jambes restera agitee. »
OlivierOR
« Pas tellement trouillarde d’habitude, au campement Britanico j’ai eu a plusieurs reprises le coeur qui s’est accelere... Une heure apres notre arrivee nous etions completement dans le noir, avec pour seule compagnie le bruit de la riviere et le chant du vent dans les arbres. Heureusement, un ciel etoile comme jamais me rassurait un peu... Nous avons mange abrites sous une vieille toile tendue entre deux arbres et quand Olivier est parti chercher de l’eau a la riviere je me suis retrouvee toute seule pendant cinq minutes... et j’ai eu le temps de m’imaginer des histoires dignes de films d’horreur. Apres m’etre mise en « pyjama de trek » : maillot, deux polaires, blouson, bonnet et gants, je me suis glissee completement frigorifiee dans le sac de couchage et j’ai tente de dormir... sauf qu’une envie pressante me fit hesiter pendant un p’tit moment ; j’y vais, j’y vais pas, j’y vais, j’y vais pas... J’ai finalement opte pour la premiere solution : bouger allait peut-etre me rechauffer. La fatigue et le froid ont eu raison de moi et je suis finalement tombee dans un semi sommeil. Toute la nuit, j’ai attendu la sonnerie du reveil et quel soulagement a cinq heures du mat’ quand il a fallu se lever ! »
Helene
JOUR 4 :
du campement BRITANICO jusqu'au MIRADOR puis jusqu’au campement LOS CUERNOSdu crayon bleu au crayon vert : distance :
Objectif des l’aube : rallier le mirador a une heure de notre campement (oui NOTRE campement !). La fatigue de la veille semble s’etre dissipee... Est-ce le stretching du soir ou le rythme des journees qui s’enchainent ?
Nous esperons observer le lever de soleil sur les sommets environnants : le cerro Forteleza, le cerro Escudo... malheureusement, des notre lever, le temps ne semble pas de la partie : pluie fine, nuages denses et bourrasques de vent.
Pendant les vingt premieres minutes de l’ascension c’est avec notre lampe frontale que nous reperons tant bien que mal les balises jaunes du chemin. A la lueur du jour nous arrivons sur la derniere portion, la plus exposee au vent !
La vue est completement bouchee et on doit vite s’abriter contre une barre rocheuse pour eviter la pluie cinglante et le froid percant.
Une barre de cereales et s’est reparti ! Nous n’avons guere le temps ni l’envie de rester (vu le temps)... et la journee sera longue.
Retour au campement : nous faisons le plein d’energie avec un p’tit dej consequent :des pates !
Vite fait et bien fait (sinon les sacs ne ferment pas !) nous plions bagages... et empruntons le meme chemin que la veille en descente cette fois. La pluie n'a pas cesse, nous sommes emmitoufles dans toutes nos epaisseurs et recouverts de notre blouson impermeable, tout comme nos sacs. Nous ne profitons guere de la vue, etant concentres sur chacun de nos pas pour eviter boue flaques d’eau, cailloux... sans compter le vent qui nous desequilibre !
Environ deux heures plus tard, une premiere pause bien meritee au campement Italiano.
Tout change : les paysages, les montagnes font place aux lacs, la pluie et le vent au soleil ! Restera la boue sur le chemin !!
Nous ne serons pas mecontents d’arriver au campement payant « Los Cuernos » ou nous pourrons beneficier d’une douche et d’un refectoire chauffe au poele a bois - bien pratique pour chesser les sauchettes !
" Comme il aurait fallu payer le gaz pour cuisiner, c’est comme deux malheureux qu’a travers les bourrasques de vent nous avons utilise notre propre bruleur sur les marches du refectoire."
Helene
L’endroit est vente, plus chaud... donc Helene a super bien dormi.
« Quand la marche de la journee est terminee, on est lessive... Mais c’est a ce moment la qu’il faut justement etre efficace afin d’aller se coucher le plus rapidement possible !
1/ Trouver un emplacement : un endroit plat sans trop de cailloux ;2/ Monter la tente ;
4/ Preparer le repas ;
5/ Deguster les 80gr de nouilles et LA saucisse de Strabourg (Hum c’est bon !).Quand on s’est depense comme cela toute la journee, un rien nous regale, et j’aurai bien multiplie par quatre les doses... Mais puisque tout etait prevu et calcule a l’avance, ce que l’on mange en plus un jour, c’est ce que l’on ne mangera pas le lendemain... »
« Je suis tres satisfait des achats que j’ai faits pour mon voyage. Dans des conditions comme aujourd’hui, blouson, polaire, chemise, pantalon, collant ont tenu leur role assurant etancheite et ventilation. Mes chaussures sont tres bien adaptees et mon sac a dos offre ce que l’on attend de lui : maintien et astuces de rangement. Aussi bien equipe j’ai attrape plusieurs fous rires sous le vent et la pluie, heureux d’y etre ! »
JOUR 5 :
du campement LOS CUERNOS jusqu’au campement TORRES
du crayon vert au crayon orange : distance :
temps de marche effective : 07h00.
Photos prises dans la partie plutot facile...
Et la, p’tit point de vocabulaire : pourquoi en espagnol le verbe « monter » se dit « subir » ? « Parce que parfois tu la subis la montee !! ». Ce fut notre cas jusqu’au campement TORRES, pendant 7 km ! Pas vraiment epuisant, mais un effort constant qui nous fera arriver HS !
Quelques engueulades pour monter la tente... mais au moment du repas, nous retombons d’accord sur le fait de vider les reserves : une solution pour alleger le sac et bien se remplir la panse. Faites-nous confiance, nous nous regalerons ce soir-la !
Nous battons egalement le record du coucher : avant les poules des 19h30 ! Une bonne raison a cela en plus de la fatigue : pour finir en beaute, nous irons voir le soleil se lever sur les Torres le lendemain, donc reveil a 05h00 !
« Longue marche aujourd’hui, avec de longs moments de solitude, a ne plus savoir si c’est moi qui observe la nature ou si c’est
OlivierOR
"Suivant les conseils d'Olivier qui tenait cela de sa grand-mere Emilie qui courait jambes nues dans la neige pour avoir chaud quand elle etait petite. J'ai essaye de rechauffer mes glacons de pied en les noyant dans la riviere, riviere qui descendait directement du glacier !
Et ben ca marche ! Pendant 10 minutes je n'avais aucune sensation...et peu apres comme par magie mes pieds se sont rechauffes !
Un de ces remedes de grand-mere dont je tacherai de me souvenir ! "
Helene
JOUR 6 :
du campement TORRES jusqu’au MIRADOR puis jusqu’a l’hosteria TORRES
du crayon orange au crayon noir : distance :
temps de marche effective : 05h00.
Bip Biiiiiiiiip Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip. Il est 05h00, le Chili s’eveille. Habillage hyper rapide, nous jaillissons de la tente, lampe au front pour gravir l’ultime mirador de ce trek !
Une p’tite grimpette de 20 minutes avec deja un bon denivele jusqu’a atteindre une montagne de cailloux !« Premier sur place – chose rare dans mon cas ! – je pouvais voir les lumieres des autres randonneurs sur le chemin plus bas. Je commencais alors a gravir cette enorme butte de cailloux et de rochers, le soleil allait bientot faire son apparition et je me savais a l'heure...merci Helene pour le reveil !J'allais le plus a gauche possible sur la crete de cailloux pour profiter de la vue la plus large sur ces tours de granite et la lagune a leur base.Quel pied ce p'tit dej' a trois : le soleil, les Torres et moi.
Mais ouh! que la fin de matinee fut dure a avaler ! En suivant de mauvais conseils sur la duree du trajet retour, soi disant 06h00, je suis descendu bien trop tot du mirador Torres. Oui j’y ai vu le soleil se lever et les tours s’illuminer, mais j’ai rate l’embrasement des pics au plus fort du lever du soleil... J’avais deja quasiment devalle la pente de rochers, pour commencer a plier la tente, lorsque je me suis retourne.
J’ai regrette ces minutes mal calculees. Je m’en suis voulu de ne pas avoir profite « de l’instant », la en haut, pensant un peu trop au retour ! De retour au campement, plier la tente seul m’aidera quelque peu a passer mes nerfs ! »
A l'aide des mains et des genoux, j'ai fini par y arriver et quel spectacle...EPOUSTOUFLANT: le soleil qui frappait les tours leur donnait une couleur irreelle tirant sur un jaune d'une intensite eblouissante. Le temps de manger une barre de cereale en guise de p'tit dej et il fallait deja redescendre..."
Reflet des Torres dans la lagune...
De retour au campement, nous nous mettons des lors en route a 09h00, histoire de ne pas rater le seul bus qui part chaque jour a 14h00 de la luxueuse hospedaje Torres. Nous laissons derriere nous ces paysages magnifiques qui nous aurons enchantes au cours de cette petite semaine. Nous descendrons en bonne compagnie, avec nos 6 copains francais : Lydie et Vincent des Hautes Alpes, Stephanie et Jeremy, Sebastien et Phillipp de Toulouse.
Nous arriverons bien avant l’horaire prevu (sic !) et prendrons meme le temps de cuisiner nos dernieres nouilles sur les marches meme de l’hosteria !
Le confort douillet du bus eu raison de nous et nous ne verrons rien du trajet jusqu’a Puerto Natales !
Apres une bonne douche, rendez-vous s’etait donne entre francais, au resto « La casa de Pablito » : congre, saumon, biere, vin, glace et flan pour les gourmands.
Nous resterons encore deux jours a Puerto Natales histoire que nos genoux degonflent et que nos habits sechent.
Enchantes et conquis par le parc Torres Del Paine, nous decidons de signer pour d’autres balades dans le parc naturel Los Glaciares a El Chalten en Argentine.
A bientot et prenez soin de vous.