dimanche 15 mars 2009

Sur la route des Mayas

Le mercredi 4 mars, au coucher du soleil, le bus nous depose en pleine jungle. Il fait moite, dans la penombre nous sentons une dense vegetation autour de nous. De nombreux sifflements et cris d'oiseaux s'ajoutent a la magie du lieu. Nous cherchons notre dortoir parmi les cabanes accueillant les routards.
Des le lendemain, quatre kilometres a pieds nous amenent sur le site maya de Palenque.
Sequence civilisation... :
Les Mayas ont occupe un territoire recouvrant tout ou partie de l'est du Mexique, du Belize, du Honduras et du Salvador durant une periode allant de -300 av JC a +900 ap JC.
Ils ont laisse un imposant heritage architectural de palais, de temples pyramidaux mais Dame Nature ayant repris ses droits, la jungle envahissante, les racines et le climat chaud et humide ont considerablement altere et masque ces edifices, la plupart redecouverts au XIX e siecle.

La societe maya ( les Mayas sont « les hommes qui cultivent le mais » ) etait divisee en classes : nobles, religieux, militaires, artistes, commercants, paysans. Les chefs hereditaires leguaient leur pouvoir par filiation. Ils dirigeaient une cite bien definie, non pas un empire. Cette independance facilita la conquete des espagnols qui n'eurent pas a affronter un peuple uni, mais des entites parfois rivales entre elles.

L'economie des mayas reposait principalement sur l'agriculture ( mais, haricot, coton, courge, piment, arbre fruitier, cacao ). Ils filaient et teintaient le coton et possedaient la maitrise du silex, pas celle du metal. Ils se servaient de la meule mais ne disposaient pas de la roue, ni de la poulie comme instrument, car elles etaient considerees comme sacrees. Aucun animal n'a ete utilise pour contribuer a edifier leurs temples.





la « fausse » voute maya... Ne connaissant pas la structure de la voute en arc, les Mayas employaient beaucoup de mortier, laissant des batiments aux faibles ouvertures, aux espaces interieurs reduits aux murs epais et aux plafonds tres lourds.


Pour alleger l'aspect des temples, les artistes mayas sculptaient de somptueuses frises geometriques, representaient leurs dieux et des scenes de vie.
La religion maya etait separee en trois entites : le monde inferieur ( l'inframonde ), la terre et le ciel.







Le symbole du Guatemala est le ceiba, premier etre vivant a avoir emerge du Chaos.Cet arbre, selon les croyances mayas, relie le ciel, la terre et l'inframonde.


« Les hommes du mais » croyaient en la recurrence des cycles de la creation et de la destruction, et les rituels et ceremonies etaient lies a ces cycles terrestres et celestes. Des sacrifices permettaient d'apaiser les dieux. Ainsi, les guerres que se menaient les cites servaient aussi a obtenir des prisonniers ( le tribu de la guerre ), que l'on livrait au sacrifice.



Quelques dieux mayas representes comme a l'epoque c'est a dire en couleur... On vous laisse traduire la signification espagnole !

Enfin, les mayas avaient une connaissance tres pointue de l'astronomie et de l'evolution des objets celestes ( soleil, lune, etoile, solstice, equinoxe). Les temples sont orientes afin d'apercevoir ces phenomenes. A l'oeil nu seul, grace a des observations dans la jungle, ils avaient etabli la duree d'une annee solaire a 365.24 jours ( soit 7 siecles avant les europeens ! ).




a Uaxatum alignement des temples pour observer le passage du soleil aux solstices et aux equinoxes



Nous ne nous etendrons pas ici sur la structure du calendrier maya. Que ceux qui le souhaitent s'enrichissent de leur cote ! Sachez tout de meme que selon ce calendrier
base sur la succession de mondes, le cinquieme monde dans lequel nous vivons verra sa fin en decembre 2012 ...

D’ici la, pourquoi ne pas se refaire une petite beaute selon les « canons mayas » :
- placez une perle entre vos deux yeux pour obtenir un beau strabisme ;
- pour une belle deformation cranienne, des l’enfance, maintenez votre front enserre entre deux plaques de bois ;
- quelques scarifications sur votre corps ;
et n’oubliez pas la touche finale :
- les dents, que vous pouvez incruster de pierres precieuses ou bien limer.


Ces informations, nous les retrouvons grandeur nature sur les sites. A Palenque, la civilisation maya s'est installee de -100 av JC et a prospere jusque +740 environ. Sous le regne de Pakal ( 615 - 683 ), la cite joua un role preponderant dans la region et de nombreux edifices furent construits, tel le temple des inscriptions, qui fut aussi son mausolee.



.... dans ce temple furent retrouves les glyphes racontant l'histoire de Palenque et de ce batiment





Les symboles mayas evoluerent sous le regne des differents souverains, atteignant presque le principe de l'ecriture alphabetique.


Rendez vous compte, ce n'est qu'en 1952 qu'un archeologue mexicain, Ruz Lhuillier, a trouve la fabuleuse tombe de Pakal, avec son squelette croulant sous les offrandes et les bijoux. Cette decouverte est consideree comme la plus importante de la civilisation maya. Pour rester a jamais pres de sa decouverte, Ruz Lhuillier fut lui-meme enterre face au temple.




reconstitution du tombeau et du squelette de Pakal au musee d'anthropologie de Mexico. Observez la finesse du masque mortuaire en mosaique de jade !



Autre monument caracteristique des mayas : El Palacio ( le palais ), demeure veritable des souverains.





sa construction entreprise au V e s. s'est etalee sur plus de 400 ans !



la tour aurait ete construite de maniere a permettre aux rois et aux pretres d'observer le soleil lorsqu'il donnait directement dans le temple des inscriptions ( en face ) pendant le solstice d'hiver.


Sept heures de visite n'ont pas ete de trop pour apprecier la cite. Il est encore autorise de grimper sur les batiments et sur ces hauteurs nous ne comptions pas les minutes.




imaginez-vous un peu... ces ruines couvertes de stuc rouge, bleu ( le fameux bleu maya ) et jaune ; des steles finement ciselees, et autour... le vert de la jungle !



De retour dans notre pauvre dortoir decrepi, fade, sans couleur ni eau chaude, nous acceptons l'invitation de Patrick, notre cousin quebecois, a partager LE dernier repas mexicain ( demain nous passons la frontiere... ). Cette soiree fut memorable. Deux chiliens bien alcoolises ( pere et fils ) se sont invites a notre table, ont chante les louanges sur la France terre d'accueil et sur Jacques Lacan... le pere entonnant a pleins poumons « Yellow Submarine » et sa philosophie de vie : LET IT BE, LET IT BE, LET IT BE, LET IT BEEEEEEEEE !!!!!!


Le lendemain, un nouveau pays nous tend les bras...nous quittons El Panchan, a l’aube, direction le Guatemala. Les formalites a la frontiere mexicaine se deroulent normalement.





Nous n’embarquerons pas dans un Yellow submarine...mais dans une lancha, une longue barque a moteur a fond plat qui tanguait sous le poids des voyageurs.



Sur la lancha, au fil du rio...



Apres une agreable balade de 40 minutes sur le Rio Usumacinta nous debarquons sur les berges du Guatemala, a Bethel.
A peine le pied pose, en touristes prudents et avises, nous refusons d’echanger nos pesos mexicains avec les locaux qui nous assaillent, contre leurs quetzals guatemalteques. En effet le taux de change nous parait etre fort desavantageux…
Arrives au poste d’immigration, les locaux sont toujours presents avec leur change et nous sourient…nous comprenons vite pourquoi : il faut payer une taxe (backshish) en quetzals pour avoir son tampon ! Du coup, nous sommes obliges de leur acheter quelques quetzals... Rrrrr !


Apres avoir passe 5h dans les minibus, 1h dans les banques (pour avoir le meilleur taux de change), nous arrivons affames a El Remate au bord du lac Peten Itza.
Immediatement cet endroit nous seduit. Au depart, nous pensions y rester deux nuits, finalement nous repousserons le depart jour apres jour...





.......................!!



On se sent ici comme a la maison : les bons petits plats de Doña Tonita (la proprietaire de l’auberge), quelques bieres partagees avec Assi et Rik, les bons plans de Nony, l’israelien, a propos du Perou et de la Bolivie et la decouverte du licuado, boisson fruitee non alcoolisee, dont Helene est devenue dependante !! (recette sur demande !).




Assi et Rik, nos copains d 'El Remate!




Les heures s’ecoulent sur le ponton...voyager c’est aussi prendre son temps. Viajar es compartir , disfrutar, saborear buenos momentos.



Cet endroit nous laissera de bons souvenirs et sur les conseils d’Assi et Rik, nous mettons le cap vers Uaxatum, un petit village a 23 km apres Tikal, le site maya le plus important du pays.
Le « bon plan » des deux allemands consiste a :
1/ Se rendre a Uaxatum (un bus par tour, piste a travers la jungle) ;
2/ Trouver ledit Sergio (indice: il a un strabisme divergent prononce ! ) et son auberge ;
3/ Avoir le culot de lui demander de nous deposer en cours de route, en pleine jungle, sur un sentier permettant d’eviter l’entree principale de Tikal ; en effet le prix a triple cette annee pour les etrangers, atteignant la somme astronomique de 17 € ( somme plus importante que notre budget journalier !! ) ;
4/ Convenir d’un lieu de rendez vous pour le seul bus du retour vers Uaxatum.
Le tout en evitant les controles des gardes armes de machettes…
C’est en super heros, que nous avons vaincu nos peurs ( surtout Olivier ), et des sept heures, nous dejeunions en haut d’un temple avec pour seule compagnie, les singes hurleurs, les pics verts, les perroquets, des faisans et autres « bebetes » de la jungle.



un strabisme caracteristique et de belles dents limees....ca c'est un faisan maya!



sequence frissons: si vous tendez bien l'oreille, vous entendrez le cri des singes hurleurs!!



Ce qui differencie Tikal des autres cites mayas, c’est sa situation au coeur de la jungle. Lorsque l’on va d’un edifice a un autre, on marche sous la voute epaisse de la foret tropicale. Les effluves du sol et de la vegetation, le calme ambiant, conferent a ce lieu, une atmosphere unique.


les immenses pyramides de Tikal emergent au dessus de la canopee de la jungle...



...pour notre part nous emergeons de notre courte nuit de sommeil (il est a ce moment 7h00 ) et Olivier de son stress…


Les Mayas ont commence a eriger les premiers temples vers -200 avant JC, profitant de l’abondance de silex pour s’armer de coutelas, fleches, et ainsi entrer en guerre contre les cites environnantes. Au milieu du IV e siecle, sous l’ere de Wak Chan K'awil « Double Oiseau », ils adopterent de nouvelles methodes brutales de combat, s’inspirant des regles de Teotihuacan (voir l’article intitule le nouveau monde ). Au lieu de combattre leurs adversaires dans un corps a corps, les Mayas de Tikal encerclaient leurs ennemis et les tuaient grace a leurs lances et leurs fleches. Cette technique utilisant « le pouvoir de l’air » permit a Tikal de devenir le royaume dominant de la region.
Malheureusement vers 560 apres JC, la cite connu le sort qu’elle reservait a ses ennemis, et ce n’est que 150 ans plus tard que Hasaw Chan K’awil « Double Lune », « Seigneur Chocolat » redonna a Tikal sa splendeur d’antan. Il restaura les premiers edifices et poursuivit les constructions autour de la Grande Place ( avait- il prevu lui aussi son « furet du Nord » ? ). C’est sur ce lieu meme que nous avons la chance d’assister a une ceremonie maya.




Malgre nos demandes, les indigenes ne nous donneront pas d’explications suffisantes afin de comprendre leurs rites.



Comme pour la cite de Palenque, ce n’est vraiment qu’au XIX e siecle que des travaux de defrichement ont ete entrepris. Ces travaux de desencavement continuent jusqu'à aujourd’hui. Lors de notre visite, nous avons croise plusieurs equipes d’ouvriers effectuant un travail minutieux.


ils ne leur restent plus qu’a tronconner les racines, enlever les pierres, les numeroter, et les replacer en consolidant le tout !





Et oui, desencaver est un travail de titan et de fourmi, voici le resultat pour le temple V



et la vue d’en haut apres une petite grimpette de plus de 40 m a pic !


Apres neuf heures passees sur le site, nous retrouvons notre copain Sergio (qui s’avere etre LE tenancier de l’auberge et aussi LE proprietaire du bus ) qui nous ramenera a Uaxatum pour notre derniere soiree.
Des le lendemain, nous ne perdons pas nos bonnes habitudes et empruntons pas moins de cinq minibus, une barque et un pick-up pour arriver au centre du pays : Semuc Champey, douze heures plus tard.


une des vues du minibus...


Nous y passerons trois jours agreables en compagnie de Sophie et Tangi, des bretons bien sympas et fauches comme les bles ! (ils se reconnaitront !).
Semuc Champey c’est l’une des merveilles du pays. Litteralement « la ou la riviere se jette sous la terre »




Ce lieu est un pont naturel en calcaire sous lequel passe el rio (la riviere), celle-ci debouchant 300 m plus bas. Sur cette zone calcaire, six bassins d’eau douce bleu turquoise ou il est bien plaisant de piquer une tete.

Apres une heure d'ascension, voici le panorama depuis le mirrador.



Nous redoutions quelque peu le retour a l’hotel ( pres de deux heures de montee sur un chemin caillouteux ) lorsque nous vimes a l’horizon, un camion revenant des champs… rempli de frijoles ( prononcez FRI-RO-LESSE ), les fameux haricots que nous devorons tous les matins au petit dejeuner. C’est donc, tous les quatre, les fesses dans les frijoles, que nous arrivames a l’auberge El Zapote.



Semuc Champey, un havre de paix au milieu de la jungle, nous laissera de bons souvenirs de detente, de discussions et de jeux… « jungle speed » evidemment !



A bientôt les bretons, a la braderie de Lille !



"Il arrive encore souvent a mes parents de m'appeler "mon gamin", alors je terminerai cet article comme "un gamin dans l'eau", qui s'est bien amuse dans le lac d'El Remate, dans les bassins et la riviere a Semuc Champey et qui a un peu faute a Tikal! Si les voyages forment la jeunesse, ils la ravivent aussi!"


Olivier OR




"Sergio et son bus...



Dans le petit village de Uaxatum, depuis des annees, tous les matins et sept jours sur sept, Sergio et ses deux fils se levent a 5h30. Pendant que l'aine fait chauffer le moteur du seul et unique bus du village, son frere embarque paquets et cartons. Leur patriache, Sergio blague avec les passagers et ramasse la monnaie.

Une demi heure plus tard, c'est un vrai voyage qui commence et ce jour la nous etions de la partie. Pas le droit d'etre en retard car c'est le seul bus de la journee et donc le seul moyen d'aller en ville. Les travailleurs et les femmes qui se rendent au marche pour acheter les provisions de la semaine ou pour vendre leurs poulets embarquent a bord du vieil engin.

Les vingt premiers kilometres qui nous emmenent a Tikal sont magiques...Secoues comme des pruniers sur un chemin boueux ou se succedent les nids de poule, on avance petit a petit a travers la jungle sous le vrombissement du vieux moteur.

Il est temps pour nous de descendre et Sergio nous laisse en plein milieu de la jungle en bonne compagnie (singes hurleurs, rapaces !!!).

Un court moment d'aventure que je m'efforcerai de me rappeler dans le metro a Lille!!"

Helene

7 commentaires:

Doriane et Christian a dit…

Super, Super bien.....plus que cela.....En vous lisant, un film se déroule devant nos yeux. Connaissant Hélène ,nous avons l'impression de ressentir ses émotions et ...même de comprendre le stress d'Olivier....Que d'images et de situations à mémoriser....Grosses bises à vous deux.

Anonyme a dit…

coucou gros.................
alors plus que deux?????rien de grave j'espere pour tes collegues??
les mecs de la valette c'est pas des pd............tiens le coup , jusqu'au bout gros......sinon super blog et super photos que tu m'as envoyé sur ma messagerie(merci)ici tout va bien je te donne juste une nouvelle comme tu me l'as demandé: j'ai acheté une fucking house in the midle of the la garde city!!!et oui je suis obligé de parler en anglais maintenant!! a cause du paternel!!!le tiens bien sur!!!bon portez vous bien prend soin de tes genoux de ta hanche et a bientot bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz

Eric M a dit…

Merci de ce magnifique reportage.C'est un des endroits dont je réve depuis que je suis gamin et que je ne desespére pas de visiter avant d'être trop "figueman" bonne continuation, je vous suis par la pensée
au plaisir de vous lire

Anonyme a dit…

Bravo Hélène, je suis toujours aussi admirative devant ton dynamisme et ton envie de découvrir, tu as la pèche .... c'est super, tu nous fait découvrir des contrées toujours plus inattendues, quant à votre débarquement au milieu de la jungle, je reste baba !!!!!
Nous attendons toujours avec plus d'impatience les prochains épisodes, ne nous laisse pas trop longtemps dans l'attente .....
Nous espèron que Marielle et Olivier ne se sont pas perdus parmi les ch'tis et que tout va bien aprés ces quatre mois passés en Asie.
Bisous à tous et à boentôt sur le blog
Colette Abdalla Mélissa

Minha+Seo a dit…

Minha+Seo
Hola amigos ya veo que estan andandos muy bien por america!!
nosotros estamos en China, Dali.
Ahora hay muchos problemas en Tibet y creo que es dificil entrar.
creo que vamos a estar en China mas tiempo.
un abrazo!!! y besos!!
nuestros fotos en
fotologue.jp/seo

Anonyme a dit…

et coucou !!! je t'appel plus gros!! avec les bornes que tu te frappe.....je suis en stage a avignon mais j'ai pris mon ordi et je suis ton parcour , votre parcour!! je t'embrasse passe le bonjour a florent pagny puisque tu est pas loin et nique lui son hummer si tu peu et reviens avec je te le rachete!!!! bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz

Anonyme a dit…

un vrai plaisir de vous lire et de suivre votre voyage,je prendrais bien moi aussi mes godillots et mon sac à dos pour vous rejoindre... profitez en au maximum, mais j'ai bien l'impression que c'est ce que vous faites, n'est-ce pas Mowgli? lol bonne continuation. Bizzous.Benny