mardi 30 juin 2009

Du cote de l Histoire bolivienne

Nous demarrons le mois de juin a 4090m dans la ville de Potosi.



Le Cerro Rico ( mine d'argent) de jour



le meme eclaire la nuit.



Le trajet de nuit depuis Tarija fut glacial, les vibrations du bus faisaient s'entrouvir les fenetres. Nous, nous etions bien heureux d'etre au chaud dans le duvet.
Essoufles les premiers jours, nous arpentons les rues de cette ville au " riche" et pathetique passe historique que nous ne soupconnions ni l'un, ni l'autre.
En effet, la ville est dominee par une montagne d'argent de plus de 4700m.
Saviez-vous que selon une theorie, Potosi serait a l'origine du developement du capitalisme en Europe ?
Voici le pourquoi du comment :
Tout commenca, selon une legende par la perte d'un lama dans la montagne ! Son proprietaire, un indien partit le rechercher et s'endormit dans une grotte. S'eclairant a la bougie, il vit s'ecouler sour les parois de la grotte, un liquide " bizarre "... Vers 1545, un autre indien de l'altiplano revela a l'un des nombreux conquistadors presents l'existence de cette Sumac Orcko ( la plus belle montagne en quechua ), qui se revela etre une fabuleuse mine d'argent.
De ces mines exploitees par les espagnols du XVI au XIXe siecle, fut extrait l'equivalent de 50 milliards de dollars actuels, somme qui permit a l'Espagne de s'enrichir certes mais aussi de s'endetter aupres d'autres pays europeens qui devant cette source intarissable d'argent (!) elaborerent une societe basee sur les flux de capitaux, le capitalisme.
Charles Quint, eleva Potosi au rang de cite imperiale dont la devise fut " je suis la riche Potosi, le tresor du monde, la reine des montagnes et la convoitise des rois. "
Au XVIe s, cette ville etait plus peuplee que Paris ou Londres ( 165 000 habitants ) et c'est la que se faisiat la mode ! Il y avait meme l'expression " ça vaut un Potosi " qui signifie que cela avait une valeur inestimable, expression qui a evolue en " c' est pas le Perou ! " ( et oui ! )






Agreable balade la nuit a Potosi...



Un bel exemple d'architecture colonial.



C'est aussi a potosi que fut batie l'une des 3 maisons de la monnaie, lieu que l'on a visite et ou etait frappee la monnaie du royaume d'Espagne !




Dans la cour de la casa de la moneda...


Rendez vous compte, les pieces d'argent traversaient ensuite l'Atlantique par bateaux pour servir en Europe !
Dans cette casa de la moneda ( le plus grand batiment civil colonial des ameriques ) transformee depuis 1930 en musee, nous avons vu les machines qui frappaient les pieces d'argent. Elles etaient en chene vert et venaient de cadix ( Espagne ) par bateaux jusqu'a Buenos Aires puis traversaient le continent sur le dos de mules jusqu'en Bolivie soit 14 mois de trajet et des sommes colossales depensees !

Un tableau fameux a Potosi : la vierge du Cerro Rico qui benit cette montagne sacree !!!




" Je n'aurais pas aime etre un indien travaillant a frapper la monnaie. Dans les premieres annees vers 1575, on tapait avec des marteaux sur des lingots d'argent pour les amincir puis un controleur espagnol nous disait si l'epaisseur etait suffisante et alors on frappait le sceau espagnol. Les pieces n'avaient pas de formes specifiques alors on pouvait gratter des morceaux d'argent ! Mais en Espagne, ils pesaient les pieces et ils se sont rendus compte qu'on leur volait le precieux metal ! Les espagnols ont alors invente une machine pour faire des pieces rondes et une autre machine pour affiner des plaques d'argent a l'epaisseur voulue : un laminoir.
Du coup, nous, on actionnait ces machines et les pieces etaient plus regulieres. Apres on a ete remplace par des chevaux vers 1752. En 1825, lors de l'independence de la Bolivie, nous avons frappe egalement les premieres pieces boliviennes. Enfin en 1869, ce sont des machines a vapeur qui ont remplace les chevaux et ont fonctionne jusqu'en 1909. De nos jours, on importe les pieces d'Europe, c'est moins cher pour la Bolivie parait-il ! Quant a nos billets, ils sont fabriques a Rennes (France) ! C'est fou non, tout cet argent extrait de notre pays qui permit l'expansion " du monde" et maintenant notre pays qui importe tellement et n' a jamais vraiment beneficie de la richesse de la montagne ! "
Olivier l' Indien.



C'est inevitablement que nous visiterons une mine du Cerro Rico. Le guide nous emmene d'abord au marche des mineurs, au pied de la montagne. La, nous y achetons des feuilles de coca et des boissons sucrees pour offrir aux mineurs.
On peut egalement leur acheter de la dynamite mais nous, en tant que prof nous avons opte pour des stylos et quelques cahiers pour leurs enfants.




On s'equipe, combinaison, lampe frontale et bottes et ça y est...



... nous penetrons dans une galerie.



Il fait sombre et humide, regulierement on doit sauter sur le cote pour laisser passer le wagon rempli d'une tonne de minerai que les mineurs deversent a l'exterieur dans une goulee leur appartenant. Nous rampons de tunnel en tunnel, en suivant Don Pablo, qui nous ammene dans la galerie dont il a la charge. En echange des boissons, cahiers et feuilles de coca, il nous accorde un peu de son temps. C'est le procede ici... Le cote voyeur ici du touriste est un peu malsain...



Son histoire est tragique : orphelin a 9 ans, il se presente a la mine qu'il n'a plus quittee depuis 30 ans. Il a perdu beaucoup de ses collegues ( effondrements, inhalation de gaz...). Toute la journee comme tous mineurs, il chique les feuilles de coca. Avant d'entrer dans la mine, feuille par feuille, il amasse une quantite suffisante qui lui permettra de ne ressentir ni la fatigue ni la faim ni la soif. Cette boule verte filtre aussi ( un petit peu ) la poussiere minerale residuelle des explosions , principale cause de maladie et mort par silicose ( atteinte des voies respiratoires ).

A la sortie, Olivier et sa chique de coca...



Les mineurs ont leur protecteur, leur Tio, dieu de la mine, a qui ils font des offrandes de cigarettes, d'alcool, coca afin qu'il leur accorde securite et qu'il les dirige vers un riche filon.

Fervant croyant, Don Pablo nous expliquera que grace a Tio, il a evite plusieurs fois la mort et il ira meme jusqu'a nous raconter qu'un jour il aurait recu des cailloux sur son casque qui provenaient du Tio, lui indiquant le bon filon... ( lui il y croit, nous... !)



Nous ne sommes pas mecontents d'apercevoir le bout du tunnel et retrouvons avec soulagement l'air ambiant et la lumiere naturelle. Nous ne sommes restes qu'une heure trente sous terre !


Les goulees a l exterieur.


Quelle dure vie une vie de mineur. 400 ans apres l'exploitation des espagnols, ils restent toujours esclaves. Alors que le roi de Tolede avait des 1572 instaure le travail obligatoire par systeme de rotation : la mita ( un peu comme les 3/8 ), les conquistadors ont retabli par la suite le travail par rendement, et de nos jours, la mine appartient a des cooperatives bolioviennes. Plus le mineur travaille, plus il risque sa vie mais plus il gagne. Evidemment, le desengagement de l' etat resulte du faible taux d'argent encore present dans la montagne.
Malgre ce que nous ecrivons, difficile de retranscrire nos ressentiments sur cette visite, cette vie, et finalement cette ville...

" Ne de parents mineurs, je suis mineur, y'a que ça a faire ici, sans la mine on n'est rien. " dit on ici... en 2009...



A Potosi, les artistes ont un terreau de critique sans fond ...................




Dans la ville, nous avons egalement visite, avec une guide dynamique... et surexcitee, le couvent de Santa Theresa.

" Je n'aurais pas aime etre la cadette d'une riche famille espagnole de Bolivie a cette epoque... Pourquoi ?
Un des prestiges pour les riches conquistadors etait d'envoyer leur seconde fille le jour de ses 15 ans au couvent Santa Theresa de Potosi. Les parents payaiet une dot qui equivaudrait aujourd'hui a 6000 dollars americains !... Une fois rentree au couvent, la fille devenait soeur et n'en sortait plus jamais ( regle qui a ete supprimee en 1972 ). On leur prenait leurs somptueux vetements pour en faire des vetements ecclesiastiques. On leur coupait les cheveux pour coiffer les statues des vierges... L'endroit est decore de tableaux prestigieux, (provenant des dots), le retaple de l'eglise est un concentre d'or et d'argent... bref ici les soeurs vivaient dans le luxe !! Alors qu'a la mine, les espagnols exploitaient les indiens les payant une misere..."
Helene


Dans le cloitre avec Grise, une guide memorable !




Le soir, en sortant d'un resto, nous avons suivi un defile d'ecoliers... aux lampions ! L'ecole, toujours l'ecole !!!



Nouvel itineraire. Pas de bus de nuit cette fois ! Nous voyageons de jour vers la cite blanche : Sucre. Prononcez " Soucret "
Sucre n'a rien a voir avec le saccharose ni le glucose.


" Petit " detour historique !

La Bolivie doit son nom a Simon Bolivar, un venezuelien ne en 1783. Celui ci se forme en France et de retour son projet politique est teinte de l'ideal revolutionnaire de 1789 ainsi que du projet napoleonien d'unification europeenne. Il souhaite chasser les espagnols et unifier l'Amerique du sud en une grande force : Colombie, Venezuela, Equateur et Perou ( a cette epoque donc le haut Perou recouvrait les terres actuelles de la Bolivie ).
Cette ville abrita des 1624 la premiere universite du pays.

Bien branchee l'universite !


La ville fut le berceau de l'independance ( premier cri liberateur lance en mai 1809 :




Malheureusement son projet restera lettre morte, et Simon Bolivar ne resta qu'un an a la presidence de ce nouvel etat, laissant a son bras droit, le marechal Sucre, ( menant une coalition des ameriques contre les espagnols et vainqueur de la bataille d'Ayacucho ), le poste de president de ce territoire grand comme deux fois la France.
Finalement, les deux peres de la Bolivie sont des venezueliens. Le premier a donne son nom au pays, le second a sa capitale.
La casa de la libertad porte bien son nom et retrace l'accession a la liberte de ce pays. C'est ici que nous avons appris l'histoire du pays, lie aussi a l'histoire d'une femme : Doña Juana Azurduy de Padilla qui commandait une armee de plus de 10 000 hommes. De batailles en batailles, elle poursuivra sa lutte contre les espagnols jusque dans le nord de l'Argentine au cote de San Martin. L'Argentine lui rendra un bel hommage l'annee prochaine, elle sera l'efigie des plus hauts billets de banques argentins.
Dans la prefecture de la ville, une fresque resumant l'histoire bolivienne la represente aux cotes de Bolivar et Sucre.



Doña Juana Azurduy de Padilla


a droite Bolivar et Sucre.



Les toits de cette meme prefecture, nous surplomberons la ville et jouirons d'une vue eblouissante sur cette cite coloniale. Le drapeau bolivien flotte au vent... Il se compose donc d'un bandeau rouge representant le sang des patriotes, d'un jaune pour la richesse minerale du pays et d'un vert pour sa richesse naturelle. Au centre, le condor des Andes trone sur l'ecusson de cette Bolivie ... si riche.





En sevrage de chants depuis Tarija ( oreilles d'Helene au repos !), Olivier ne manque pas l'occasion de se rendre dans une ecole de musique reputee : " Los Masis ". Nous assisterons a un cours donne a des enfants, flutes de pan et tambours a profusion : musique locale garantie - et oui, a ce moment Mickael Jackson n'etait pas mort !





Deux petites photos du cimetiere de Sucre, bizarrement un lieu tres agreable ou les habitants viennent se reposer...




A notre actif, deux marches dans la ville :



Le marche municipal de Sucre, qui proposait entres autres, des salades de fruits geantes...


Et dimanche 7 juin, nous nous rendons au marche traditionnel de Tarabucco, axe sur l'artisanat local.



lutte et reconciliation historique.



Beaucoup de francais s'y retrouve ! Salut a Pierre et Marie croises a Barreal et Julie et Alex, la chtite vadrouille, rencontres au Cambodge !

Helene fera quelques achats de gants, poncho et gilet en prevision des temperatures glaciales du Salar, tandis qu ' Olivier promenera son appareil photo sur les visages boliviens.








"En revenant de Tarabucco, excitee comme une puce je devais acceuillir Cecile, ma soeur a l'aeroport de Sucre... L'avion finit par atterrir avec 1h de retard...1 personne, 10, 30 descendent de l'avion et la pas de Cecile !
Je cours sur le tarmac pour verifier moi meme si elle n'est pas restee dans l'avion !!... Bref Cecile arrivera une journee plus tard, la raison de ce retard : le surbooking a Miami..."
Helene



Pour nous remettre de nos emotions, nous partagerons une chicha et quelques verres avec Lola retrouvee ici pepuis notre woofing, et Melissa et Etienne de Tours.



" Vous l'avez compris, dans le prochain article, double dose de Kerckhove...accroche toi Rossi ! "
OlivierOR.

3 commentaires:

Christian a dit…

Olivier, je ne te connais pas encore, mais je compatis pleinement, car quand 2 sœurs (kerckhove de surcroit)se rencontrent, qu'est-ce qu'elles se racontent?? Des histoires de soeurs, de filles .....Pour te rassurer, moi j'en ai souvent 3 à la maison (mais pour mon plus grand bonheur)
Christian,le papa des 2 soeurs.

Anonyme a dit…

Excellente leçon d'histoire, beaucoup de détails pour mieux comprendre ce pays que nous croyons arriéré : merci les boliviens !!!
Tes ancêtres lorrains ont connu les mines de fer et de charbon Olivier, c'était pénible aussi.
Bon je crois que la fin du périple se précise mais j'espère que vous nous réservez encore quelques belles histoires.
Bonne continuation Hélène, je suis fier de toi mon fils. Papa.

Anonyme a dit…

J'ai bien apprécié vos commentaires et les photos de Potosi, de la mine d'argent, et de la Bolivie en général. Cela m'a permis de mettre des images sur le récit de ma fille Florence qui est passée par là vers le 24 juin et avec qui j'ai pu communiquer sur Messanger le 25 juin (pour la petite histoire, au même moment la télévision annonçait la mort de Michael Jackson : il était minuit trente en Europe, 18h30 en Bolivie !). L'expérience de la visite de la mine était une émotion très forte, confirmé par votre témoignage. Bonne continuation.
Maman Florence
de Flo&Bru (Belgique)