dimanche 7 décembre 2008

Par monts et par vaux, monasteres et plats locaux...

Nous pensions quitter les pluies du sud pour des cieux plus clements, c'etait sans compter le froid glacant des bus climatises. Transis, malgre les couvertures et les vestes polaires, nous nous rechauffons dans la douceur matinale de Bangkok autour d'une boisson chaude et des fameuses gaufres de la gare routiere (cf article precedent).
Nous partons dans la foulee vers le nord, apercevant au passage un des aeroports bloque par les manifestants du PAD. Apres une mauvaise nuit, rien de tel qu'un nouveau voyage en bus pour nous reposer... Nous ouvrons les yeux six heures plus tard a Sukothai, notre destination, alors que Marielle, insomniaque diurne, a veille sur nous pendant le trajet.
Nous logeons dans une agreable auberge ou le calme est rompu quotidiennement a 18h30 par un cours d'aerobic en plein air a proximite de la.
Des le lendemain matin, apres un trajet dans un swangthaew (litteralement "2 bancs"), nous partons sur nos velos a l'assaut des ruines de la capitale du premier royaume Thai.

Pour ne pas changer, nous verrons pendant deux jours des Wats (temples), des chedis (reliquaires) et des Bouddhas par dizaines.





Rien d'etonnant jusque la ! Par contre, le site est exceptionnel. Les monuments sont parfaitement mis en valeur dans un ecrin de verdure, de fleurs, d'arbres centenaires et de plans d'eau paisibles.



Munis d'un plan, nous avons explore les differents sites eparpilles autour de la vieille ville. Une mention particuliere au Wat Si Chum dont le bouddha imposant a ete remarquablement restaure.





Sachez tout de meme que les bouddhas se suivent mais ne se ressemblent pas.
C'est le moment pour nous de faire un petit aparte sur sa vie et ses representations.
Ne dans l'actuel Nepal au VI siecle avant Jesus Christ, Siddhartha Gautama etait un prince d'une caste de guerriers. Son pere a voulu qu'il grandisse a l'abri des souffrances du monde. A 30 ans il sort de sa cage doree et fait 4 rencontres: un vieillard, un malade, un cadavre conduit au bucher de cremation, puis un ermite qui lui montre ce que peut etre la sagesse. Son but dorenavant sera de trouver le moyen d'eliminer la souffrance. Il decide alors de quitter son palais, sa femme et ses enfants pour vivre une vie d'ascete faite de privations. Ce chemin le conduit a une impasse. Il choisit donc "la voie du milieu", a mi chemin entre la privation et l'abondance. Apres une longue meditation sous un pipal (arbre dont les feuilles ont la forme d'un coeur), il vainc la divinite Mara qui essaie de le tenter par differents moyens. Il atteint alors l'eveil (bouddha signifie "eveille"), une conscience absolue de la realite du monde. Il enseigne alors son experience et etablit une premiere communaute monastique. A la fin de sa vie, il accede au nirvana, l'extinction de son etre pour faire un avec l'Absolu.

Supports de medidation et de veneration, les statues representent differents stades de la vie du Bouddha :
- Le bouddha qui vainc Mara et prend la terre a temoin des merites qu'il a acquis.
- Le bouddha qui marche, de retour du paradis ou il a enseigne a sa mere.
- Le bouddha qui medite, parfois protege par un naja.
- Le bouddha qui enseigne (qui tourne la roue du Dharma, la connaissance).
- Le bouddha qui mendie sa nourriture quotidienne.
- Le bouddha qui calme les peurs et les passions.
- Le bouddha couche, qui accede au nirvana.




A noter, en Thailande, sans doute a cause de la bonne nourriture, certains bouddhas ont eu des difficultes a suivre "la voie du milieu".



Juste le temps pour Marielle de dessiner un bouddha, pour Helene de contempler lotus et nenuphars et pour Olivier de profiter de la lumiere de la lumiere du soir pour prendre ses derniers cliches...




... Et nous voila de nouveau en route, pour la capitale culturelle du nord, Chiang Mai.
Apres deux jours de bicyclette, Helene et Marielle n'ont finalement pas participe au cours d'aerobic comme elles se l'etaient promis. Assez d'efforts comme ca, ou peut etre ont-elles ete intimidees par les vociferations en Thai des moniteurs ?

Devinez ce que nous avons vu a Chiang Mai? Des Wats, des Chedis pour etre original... C'est d'ailleurs la ville aux 800 Wats (juste de quoi alimenter quelques ampoules...). Ici, meme les chiens viennent s'incliner devant les bouddha, mais probablement pour des raisons toutes particulieres.





Point de rencontre des cultures des differentes ethnies qui peuplent les collines du nord, la ville et son marche presentent toutes sortes d'artisanats et de specialites. Nous nous y retrouvons tous les soirs pour manger dans une bonne ambiance des plats locaux et pas chers. Pour 50 centimes d'euros l'assiette, nous pouvons nous octroyer un the Thai (de couleur orange) avec ou sans lait cocentre sucre et un dessert (beignets trempes dans du sirop, ou un roti, la crepe a la mode locale).



De retour du marche, nous ne nous attardons pas dans les salles de massages, ni dans les bars ou les serveuses comme certains clients se montrent un peu trop entreprenants... Malheureusement, c'est ca aussi le tourisme en Thailande.
Nous ne nous sommes pas non plus attardes a la tribune des "rouges", manifestants pro-gouvernementaux. En comparaison avec les jaunes du PAD (cf article precedent), eux sont armes de pieds en plastique mais l'ambiance est moins a la fete; et pour cause, le premier ministre a ete demissionne ce jour-la.


Mais nous ne sommes pas ici pour faire de la politique mais pour decouvrir la culture locale. Et pour ca, rien de tel que d'apprendre les ficelles de l'une des meilleures cuisine du monde.
Nous nous inscrivons donc a un cours de cuisine thai.
Des le matin, notre professeur Miaou, un petit brin de femme autoritaire mais enjouee, vient nous chercher a l'auberge (d'un pas militaire) pour aller au marche. La, elle nous presente la multitude de produits locaux de la pate de riz gluante aux aubergines de la taille d'un pois.



Arrives a l'ecole, notre groupe se met a decouper, melanger, ecraser, frire et cuire. Assidus derriere nos plans de travail et nos woks, nous suivons les conseils de Miaou et de Deng son acolyte, afin de preparer 6 plats (de l'entree au dessert) que nous esperons vous faire deguster a notre retour tellement nous nous sommes regales.
Bouquet final de cette journee enthousiasmante, un grand concours de flammes avant la remise du diplome de "Master Chef".



"A l'ecole de cuisine, je me suis bien amusee avec mes camarades. Mes professeurs etaient gentils et j'ai bien travaille. J'ai appris a faire 6 plats :
1. Le pad thai, le plat traditionnel thai (comme son nom l'indique), compose de nouilles de riz, de soja et de quelques legumes.
2. Des rouleaux de printemps cuits a la vapeur.
3. Une salade de fruits facon thaie, aie aie aie... c'est a dire pimentee.
4. Un poulet au curry, pas trop releve celui-ci.
5. Des legumes frits qui furent l'occasion de faire des flammes.
6. Le dessert : du riz collant sucre au lait de coco, accompagne de mangue. Un delice !
Ce que je prefere dans la cuisine thaie, c'est tous les petits legumes qui la composent et la rapidite avec laquelle c'est pret, et avec succes !" Marielle


"Ce fut tres agreable, cette journee au cours de laquelle nous avons prepare et deguste nos plats (et meme pique dans ceux des voisins) ! Nous etions les seuls du groupe a avoir pris un petit dej, mais les premiers a finir nos assiettes... J'ai ete surprise par la rapidite des preparations : par exemple, pour les legumes frits, il suffit de couper rapidement les epis de mais, les carottes, les haricots et les pois. On les fait revenir dans un peu d'huile de soja pendant 20 secondes seulement ! Les rouleaux de printemps prennent un peu plus de temps : avec une pate de riz bien collante, on pose un assortiment de legumes eminces, puis on roule ! Le plus facile fut quand meme le dessert : bananes au lait de coco : on chauffe le lait dans le wok, puis on y met des rondelles de bananes.
J'espere me rappeler des trucs et astuces de la cuisine thaie pour preparer, en rentrant, un bon repas.
Bien repus apres cette journee, nous nous sommes tout de meme rendus au marche de nuit de Chiang Mai pour y deguster d'autres plats et ainsi avoir un oeil critique sur les mets proposes !" Helene


"On va se sentir oblige d'acheter un wok a notre retour pour ne pas oublier les recettes abordees. Fort du diplome de "Master Chef" et muni du livre de recettes, j'essayerai de refaire avec succes ce que j'ai concocte durant la journee :
1. Un Kao Soi, un potage aux nouilles tres populaire dans le nord de la Thailande et du Laos. Celui-ci est prepare a la mode de Chiang Mai, avec curry, piments et lait de coco. On ajoute des nouilles frites par dessus. C'est joli et, en plus, c'est delicieux.
2. Des rouleaux de printemps frits : meme si la farce est facile a preparer, le roulage des "spring rolls" (pate dure et non gluante contrairement a Helene et Marielle) demande pas mal d'application et de concentration.
3. Un Tom Yam aux crevettes, un autre potage a base de lait de coco, avec de la citronnelle, du gingembre et evidemment un peu de piment ! Peut-etre le plat que j'ai prefere.
4. Un curry vert, une recette que je voulais apprendre depuis longtemps. C'est assez pimente, mais ca me rappelle surtout la nourriture du festival de Nyon (bonjour au passage aux amis du pays de Gex).
5. Du poulet et legumes aux noix de cajou, le tout frit au wok. C'est facile, rapide et toujours bon.
6. En dessert, je prendrai des beignets de banane. La, je n'ai fait que la cuisson vu que le prof avait deja prepare la pate. Une bonne occasion d'y tremper le doigt, comme a la maison..." Olivier


Le lendemain, nous prenons le traditionnel tuk-tuk pour nous rendre a la gare et aller toujours plus au nord direction Chiang Rai.


Cette ville est au coeur des collines a proximite du celebre triangle d'or (point de rencontre entre Birmanie, Laos et Thailande). La "Chat House", l'auberge ou nous restons, est tres accueillante et particulierement propice au repos. Nous nous autorisons donc une journee de farniente (assez rare, depuis le debut du voyage!).



De plus, chanceux comme nous sommes, Saint Nicolas a trouve notre adresse pour nous apporter une friandise. Merci Saint Nicolas!

Le tourisme dans la region de Chiang Rai consiste surtout a rencontrer les "tribus des collines" venues peupler les alentours souvent pour des raisons politiques. Les plus celebres sont les Karen connues pour leurs femmes girafes. Mais peu enclins a la visite d'un "zoo humain" ultra touristique et peu authentique, nous nous en abstiendrons.
Nous preferons nous perdre dans la campagne avoisiante ou rien n'est fait pour les randonnees independantes. Le labyrinthe des chemins parcourus d'empreintes d'elephants ne nous a pas conduit au village attendu, mais plutot en bordure de rivieres et jusqu'a un champ de mandariniers, ou nous n'avons pu resister a chaparder quelques fruits. Le spectacle des collines est ravissant meme s'il ne reste plus grand chose de la jungle d'origine. Les cultures ont remplace le gros des forets. D'ailleurs, la Thailande a perdu 70% de ses forets en 50 ans et essaie aujourd'hui de recuperer les degats petit a petit.




Une autre raison pour laquelle la region etait celebre etait la culture du pavot (pour l'opium) aujourd'hui interdite.
Les locaux ont du trouver des moyens de reconversion comme par exemple, le travail du tissage dans les grands ateliers collectifs.
Neanmoins, les Thais n'ont rien perdu de leur savoir-faire en horticulture, en temoigne les jardins du Doi Tung, l'ancienne propriete de feue la reine mere.


Pas loin de la, un petit temple bouddhiste attire les visiteurs, dont l'activite favorite est de faire tinter les cloches sans crainte des etres fabuleux sculptes dans la foret avoisinante.


Nous n'allions pas quitter la Thailande sans une derniere etape gastronomique. Cette fois, c'etait au marche nocturne de Chiang Rai pour des specialites bien d'ici : les insectes frits.
En amuse-gueule, les sauterelles ; en entree, les asticots et les grillons ; et en plat de resistance, une grosse blatte bien craquante.
Les filles, au regime, se sont arretes apres l'entree, mais aux dires d'Olivier, le plus gros n'est pas le plus savoureux. Il vous recommande plutot les grillons !
Apres un bon lavage de dents afin d'eliminer les restes de pattes et de crapaces, nous passons une derniere nuit en Thailande.



Debout de bonne heure, nous prenons le bus en direction du Laos.
Ce fut l'occasion de croiser d'autres leve-tot : les moines avec leur bol a aumone, qui vont chercher leur nourriture quotidienne. Sachez que tous les hommes bouddhistes en Thailande sont amenes a revetir un jour la robe pendant quelques mois au moins ; un passage oblige auquel meme le roi, malgre sa condition, a du se soustraire et mendier a son tour.



Avant de passer au Laos, nous vous laissons avec ces quelques pensees a mediter, cueillies aux abords d'un temple.


En depit de la situation un peu tendue en Thailande, tout va bien pour nous.
Rassurez-vous, nous restons prudents et n'allons pas mettre nos pieds n'importe ou !


3 commentaires:

Anonyme a dit…

On attendait des nouvelles...et nous ne sommes pas déçus : que d'infos ! Génial les cours de cuisine : on pourra se laisser chouchouter à votre retour....les jolies fleurs, vos mines réjouies, tout est un grand plaisir.
Bisous à tous les trois
Anne-Marie et Manu

Anonyme a dit…

Heureux de ses nouvelles rassurantes...Contents que la Thaïlande vous plaise autant après l'Inde et le Népal. Nous avons bien reconnus Hélène, cela nous a fait penser à son carnet de voyage d'Autriche. Notre gourmande Hélène nous comprendra.
Un gros zotche à vous trois.

Anonyme a dit…

Nous sommes pressés de goûter aux spécialités thailandaises(sauf peut être les insectes... ). Ca changera du WATERZOI. Quoi que les enfants en réclament aussi.
Bisous et à très bientôt

Les 4 dums